En souhaitant approfondir le concept des besoins humains fondamentaux, j’ai découvert le travail de Max-Neef, économiste écologiste et humaniste chilien. Très inspirée par sa vision systémique des besoins humains fondamentaux, j’ai envie de vous partager une partie de ce travail, qui contribue selon moi à cultiver le cercle vertueux de la NonViolence.

Les besoins humains sont interdépendants et synergiques

Une approche systémique 

La Communication NonViolente pose le postulat dans les années 70 que nous avons tous les mêmes besoins fondamentaux, qui découlent de notre condition d’Êtres Humains. Ils sont constants et sont communs à toutes les cultures humaines. Les besoins fondamentaux sont interdépendants et interactifs, et de ce fait constituent un système. 

Manfred Max-Nef, économiste Chilien, Prix Nobel Alternatif, a approfondi ce concept dans une perspective systémique et écologique. Avec son équipe, il a conçu un modèle de développement humain basé sur les besoins humains fondamentaux pour faire face aux enjeux sociétaux et environnementaux de notre temps en proposant notamment une catégorisation de l’impact des stratégies choisies.

Une alternative vertueuse au P.I.B

Les besoins se distinguent des stratégies mises en œuvre pour satisfaire ces besoins. Les stratégies employées se déclinent en fonction d’un nombre important de facteurs, conscients ou insconscients : la culture, l’entourage, la période historique, l’âge, les préférences individuelle ou collective…  

Cette relation entre de besoins fondamentaux et les stratégies appliquées sert de base, à Manfred Max-Nef, pour remettre en cause les modèles traditionnels de développement économique et de mesure des richesse (comme le PIB). Ces modèles ne prennent pas en compte l’être humain dans ses dimensions sociales et psychologiques, pas plus qu’elles ne prennent en considération les aspects environnementaux impactés par l’activité humaine. 

Manfred Max-Neef,  propose 5 niveaux d’indicateurs pour permettre  aux individus et aux communautés d’identifier l’impact de leurs choix en fonction de la façon dont leurs besoins humains fondamentaux sont satisfaits.

5 niveaux de satisfaction des besoins humains

Les 5 niveaux de satisfaction des besoins humains : 

  1. Violateurs : moyens de satisfaction des besoins, qui en réalité compliquent la satisfaction de ces besoins. Par ex : boire un soda censé étancher la soif, mais dont les ingrédients (caféine, sels de sodium) font uriner davantage, et en définitive moins hydraté ;
  2. Pseudo-satisfacteurs : moyens de satisfaire un besoin, qui ont peu ou pas d’effet sur la satisfaction dudit besoin. Par ex : un statut social peut aider à se forger une identité, mais risque d’être complètement absorbé, et perdre sa véritable identité ;
  3. Satisfacteurs inhibants : satisfaire un besoin donné au-delà du nécessaire, ce qui inhibe sérieusement la possibilité de satisfaire d’autres besoins. Souvent ancrés dans des coutumes, des habitudes ou des rituels profondément enracinés. Par ex, une famille surprotectrice étouffe l’identité, la liberté, la compréhension et l’affection ;
  4. Satisfacteurs singuliers : satisfaire un besoin particulier de façon exclusive et segmentée, ce qui neutalise la satisfaction des autres besoins. Généralement institutionnalisés par des programmes volontaires, privés ou gouvernementaux. Par ex, les programmes pour l’alimentation, le logement aident les personnes défavorisées sur ces champs ;
  5. Satisfacteurs synergiques : Satisfaire à un besoin donné, tout en contribuant à la satisfaction d’autres besoins. Ceux-ci sont anti-autoritaires et représentent un renversement des valeurs prédominantes de la concurrence et de la cupidité. Par ex, l’allaitement maternel assure la subsistance de l’enfant et contribue au développement de la protection, de l’affection et de l’identité.

Un développement écologique et humain

Cette proposition du développement à l’échelle humaine est décrite par Max-Neef comme

« ciblée et basée sur la satisfaction des besoins humains fondamentaux, sur la génération de niveaux plus élevés d’autosuffisance, et sur la construction d’articulations organiques entre l’homme, la nature et la technologie, entre les processus globaux et l’activité locale, entre le niveau individuel et social, entre la planification et l’autonomie, et entre la société civile et l’État.  » 

Dans ses travaux, il se concentre sur le développement par le peuple et pour le peuple et repose sur trois piliers: les besoins humains fondamentaux, l’autonomie croissante et l’interdépendance équilibrée des personnes avec leur environnement. 

Comme un modèle de développement humain et environnemental qui prend en compte les différentes dimensions systémiques de façon vertueuse.

 

Référence :  Manfred Max-Neef, Antonio Elizalde, & Martín Hopenhayn. with the cooperation of Felipe Herrera, Hugo Zemelman, Jorge Jatobá, Luis Weinstein (1989). « Human Scale Development: An Option for the Future. » Development Dialogue: A Journal of International Development Cooperation. 1989, 1, 7-80. (in English)

« Le but du développement ne doit être ni productif ni consumériste, mais la satisfaction de besoins humains fondamentaux, qui ne sont pas uniquement les besoins de l’humanité. »

Manfred Max Neef 

Marie Mayyas

Marie Mayyas

(Re)Source du Cercle de la NonViolence. Se relier à son humanité pour se relier à l'Humanité.

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